La Maison des Écrivains et de la Littérature, institution dédiée à la promotion de la littérature et à la valorisation du travail des écrivains, organise des rencontres littéraires et des interventions dans les écoles visant à rapprocher les écrivains du public. Elle fait face à une tentative d’asphyxie de la part de sa tutelle. Le ministère de la Culture réduit drastiquement sa subvention, passée de 700 000 euros en 2015 à 200 000 euros annoncés pour 2025, rendant sa fermeture imminente.
La MÉL, en plus d’organiser des débats et rencontres littéraires, mobilise chaque année environ 300 écrivains pour des interventions auprès de 30 000 élèves, allant de l’école primaire au lycée. Ces rencontres permettent aux jeunes de découvrir le métier d’écrivain, d’échanger sur les processus d’écriture et de mieux comprendre la littérature contemporaine. Une action menacée d’extinction dès juin, d’après la directrice de la MÉL, Sylvie Gouttebaron.
Sollicitée par Commune, elle voit dans cette forte baisse budgétaire une « subvention de liquidation » : « C’est une asphyxie à petit feu par épuisement des troupes. Le ministère a choisi un autre opérateur : le CNL [Centre National du Livre] a repris nos missions. Sauf qu’on est complémentaires, on n’a pas la même manière de travailler avec les uns et les autres. »
De nombreux écrivains, comme Annie Ernaux, se mobilisent pour la sauvegarde de cette institution installée dans le 16e arrondissement de Paris et présidée par Julien Cendres. Sa directrice compte bien amplifier le mouvement : « On a énormément de retours d’écrivains, beaucoup de soutien. Il y a des enseignants qui nous demandent « Que faire ? ». Le ministère ne veut pas répondre sur ce dossier. Seul le politique peut agir désormais. »
« Aujourd’hui, ajoute Sylvie Gouttebaron, l’auteur est sommé de devenir son propre promoteur. On arrive à ce système libéral où chacun est son auto-entrepreneur. La Maison c’est tout le contraire, on fait tout le travail d’intermédiaire entre les enseignants et les auteurs, au gramme près. On connait les œuvres et les enseignants. La confiance est totale. »
« Cette Maison, c’était la volonté du ministère de la culture, Jack Lang à l’époque. C’est un foyer de réflexion et d’action. Ça ne les intéresse pas du tout au ministère aujourd’hui », regrette la directrice. Au point de tuer délibérément, à l’heure de la domination des écrans, une institution qui agit au service du livre et des auteurs ?
Maxime Cochard